Les tarifs de la complémentaire santé s’envolent en 2024

Oubliez les hausses timides et les ajustements au rabais. L’année 2024 impose une nouvelle donne aux assurés : la complémentaire santé, ce filet de sécurité censé protéger des imprévus médicaux, franchit un cap tarifaire inédit. Les projections tablent sur une envolée de près de 10 % en moyenne, une pression supplémentaire sur le budget des ménages déjà fragilisés.

Pourquoi les tarifs des complémentaires santé grimpent-ils autant en 2024 ?

Derrière cette hausse, plusieurs leviers se sont enclenchés. Les chiffres relayés par le site du courtier spécialisé FLD Assurances pointent d’abord l’explosion des dépenses de santé en 2023. Pendant la crise sanitaire, nombre de soins avaient été mis entre parenthèses. En 2023, le rattrapage a été net : consultations décalées, opérations repoussées, examens médicaux en attente… Ce retour massif vers le système de soins a fait grimper la note. S’y ajoutent l’inflation galopante, qui alourdit tous les postes de dépenses, et la hausse des salaires pour certains professionnels de santé, répercutée sur les remboursements.

Autre élément de poids : la réforme 100 % Santé. Elle oblige les contrats responsables à rembourser intégralement les frais restant à charge en optique, dentaire et aides auditives, après le passage de l’Assurance maladie. Pour les complémentaires, c’est une charge supplémentaire, obligatoire, qui vient alourdir l’addition. Dès octobre 2023, le ticket modérateur sur les soins dentaires a aussi augmenté, passant de 30 % à 40 %. Résultat : la part à rembourser par les complémentaires grimpe, tout comme la facture globale.

La fiscalité se montre également redoutable. D’après la Mutualité française, les taxes pesant sur les complémentaires santé ont été multipliées par huit en vingt ans. Parmi elles : la taxe de solidarité additionnelle (TSA), la contribution au fonds CMU, la taxe sur les conventions d’assurance (TCA) et la taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA). Autant de prélèvements qui réduisent la marge de manœuvre des organismes et se répercutent fatalement sur les cotisations.

Quel impact pour les ménages ?

Hausse des cotisations, effet domino sur le budget : la pilule est difficile à avaler pour de nombreux Français. Les contrats individuels devraient voir leur coût grimper de 9 à 11 %, soit un surcoût annuel moyen de 126 €. Pour les contrats collectifs, l’augmentation oscillerait entre 8 et 12,5 %, ce qui représenterait environ 180 € de plus chaque année. Pour un couple de retraités ou une famille monoparentale, le calcul est vite fait.

Les plus fragiles risquent de subir cette hausse de plein fouet : étudiants, seniors, personnes sans emploi ou travailleurs indépendants, souvent détenteurs de contrats individuels. Pour certains, conserver une couverture complète devient intenable. Le risque ? Se tourner vers des garanties basiques, ou pire, renoncer purement et simplement à leur complémentaire santé. Derrière ces arbitrages, un danger très concret : faire face à des restes à charge élevés lors d’un pépin de santé, et devoir réduire ou différer certains soins jugés « non urgents ».

Comment limiter la casse et choisir judicieusement sa complémentaire santé ?

Face à cette inflation, plusieurs leviers méritent d’être activés. Pour s’y retrouver dans la jungle des contrats, comparer les offres demeure un réflexe payant. Les comparateurs en ligne donnent une vision claire des garanties, des tarifs mais aussi des avis déposés par d’autres assurés. N’hésitez pas à faire jouer la concurrence, quitte à challenger votre organisme actuel.

La loi Hamon et la résiliation infra-annuelle permettent désormais de quitter son contrat à tout moment, sans frais ni justification. Un changement de situation ou une hausse trop brutale ? C’est l’occasion de revoir sa couverture, voire d’en chercher une nouvelle, mieux adaptée à vos besoins réels.

Pour les revenus modestes, il existe des coups de pouce comme la complémentaire santé solidaire (CSS), qui offre une prise en charge à tarif réduit, voire nulle. Renseignez-vous auprès de votre caisse d’assurance maladie ou d’une association spécialisée : chaque année, des milliers de personnes y gagnent un accès aux soins sans y laisser tout leur budget.

Enfin, adopter quelques réflexes simples peut aider à contenir la note sans sacrifier sa santé. Suivre le parcours de soins coordonnés, privilégier le tiers payant, miser sur la prévention et les dépistages, autant de gestes qui, mis bout à bout, font la différence. Un exemple ? Un patient qui consulte d’abord son médecin traitant avant de voir un spécialiste bénéficie d’un remboursement amélioré et limite son reste à charge.

En 2024, surveiller ses garanties, comparer, et défendre son accès aux soins devient un sport national. Ne pas subir, mais choisir : voilà le nouveau mot d’ordre face à la valse des tarifs.