Le statut des prêtres mariés a toujours suscité des débats au sein de l’Église catholique. En Occident, l’obligation du célibat pour les prêtres remonte au concile de Latran de 1123. Toutefois, certaines branches de l’Église, comme les Églises catholiques orientales, permettent à leurs prêtres de se marier avant l’ordination.
Les prêtres anglicans convertis au catholicisme constituent une autre exception. Ces hommes, déjà mariés avant leur conversion, peuvent être ordonnés prêtres catholiques tout en conservant leur statut marital. Ces particularités montrent la diversité des pratiques au sein du christianisme, malgré les règles strictes du célibat sacerdotal.
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Plan de l'article
Historique du célibat des prêtres dans l’Église catholique
L’Église catholique romaine a imposé le célibat à ses prêtres au fil des siècles. Le concile d’Elvire, vers l’an 300, a recommandé le célibat, mais ce n’est qu’au Moyen Âge que cette obligation s’est renforcée.
Les conciles déterminants
- Concile de Latran : En 1139, ce concile a formalisé l’interdiction du mariage pour les prêtres.
- Concile de Trente : Entre 1545 et 1563, ce concile a réaffirmé l’obligation du célibat.
Les papes Nicolas II et Grégoire VII ont joué un rôle clé au XIe siècle en imposant cette règle. Pierre Damien, un fervent défenseur du célibat des prêtres, a aussi contribué à renforcer cette norme.
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Les sanctions et les soutiens
Henri I, en 1129, a imposé une amende aux prêtres mariés, soulignant la volonté d’en finir avec cette pratique. Saint Paul, dans ses lettres aux Corinthiens, avait déjà abordé la question du mariage, influençant les débats théologiques de l’époque.
Les voix contemporaines
Yves Chiron, auteur de l’ouvrage ‘Histoire des conciles’, explique que la question du mariage des prêtres reste récurrente. La diversité des pratiques au sein du christianisme, notamment dans les Églises catholiques orientales, montre que ce sujet continue de diviser et d’interroger.
Les exceptions au célibat : prêtres mariés dans les rites orientaux et anglicans
L’Église orthodoxe et l’Église anglicane, contrairement à l’Église catholique romaine, permettent à leurs prêtres de se marier. Cette pratique trouve ses racines dans des traditions historiques et culturelles distinctes.
Dans les Églises orthodoxes, les prêtres peuvent se marier avant leur ordination. Une fois ordonnés, ils doivent rester dans cet état, qu’ils soient mariés ou non. Les évêques, cependant, sont choisis parmi les moines célibataires, garantissant ainsi une certaine continuité avec la tradition du célibat.
L’Église anglicane autorise aussi le mariage des prêtres. Cette pratique s’inscrit dans une perspective plus large de réforme amorcée par Martin Luther au XVIe siècle. Luther a défendu le mariage des pasteurs, rompant ainsi avec les traditions catholiques. Aujourd’hui, les pasteurs anglicans jouissent de cette liberté, ce qui contribue à des dynamiques communautaires différentes.
- Église orthodoxe : Les prêtres peuvent se marier avant l’ordination.
- Église anglicane : Les pasteurs peuvent se marier à tout moment.
Au-delà du christianisme, d’autres religions montrent une diversité dans les pratiques : l’islam et le judaïsme autorisent et encouragent le mariage des imams et des rabbins, tandis que le bouddhisme impose le célibat aux moines.
Cette diversité des pratiques religieuses met en lumière les différentes conceptions de la vie sacerdotale et les adaptations historiques et culturelles propres à chaque tradition.
Le statut des prêtres mariés : droits et obligations
Les prêtres mariés jouissent de certains droits et obligations spécifiques. Contrairement à leurs confrères célibataires, ils doivent concilier vie familiale et vie ecclésiale, ce qui nécessite une organisation rigoureuse.
Prêtres orthodoxes : En Église orthodoxe, les prêtres mariés avant l’ordination doivent rester mariés. La séparation ou le divorce peuvent entraîner une suspension de leurs fonctions. Ils sont tenus de respecter les mêmes règles liturgiques et canoniques que leurs confrères célibataires.
Prêtres anglicans : Les pasteurs anglicans, quant à eux, peuvent se marier à tout moment. Le mariage ne modifie pas leurs responsabilités pastorales, mais il peut influencer leur engagement communautaire. Ils sont aussi soumis aux règles de l’Église anglicane concernant la vie conjugale et familiale.
Comparaison des statuts : prêtres mariés et célibataires
| Église | Prêtres mariés | Prêtres célibataires |
|---|---|---|
| Orthodoxe | Vie familiale et ecclésiale | Entièrement dévoués à l’Église |
| Anglicane | Vie familiale et engagement communautaire | Entièrement dévoués à l’Église |
Exemple concret : Bernard Chalmel, ancien prêtre catholique, a quitté l’Église pour se marier. Son expérience met en lumière les défis auxquels sont confrontés les prêtres mariés. Isabelle Rosé, dans son ouvrage ‘Le Mariage des prêtres, une hérésie ?’, explore les tensions entre les obligations ecclésiales et la vie conjugale.
La charge pastorale des prêtres mariés nécessite une gestion équilibrée entre leurs devoirs religieux et familiaux, ce qui peut parfois conduire à des situations complexes nécessitant des ajustements spécifiques.
Débats contemporains et perspectives d’évolution
Le débat sur le célibat des prêtres a été relancé avec force par le Synode sur l’Amazonie en 2019. Présidé par le pape François, ce synode a proposé d’ordonner des hommes mariés comme prêtres pour répondre à la pénurie de vocations dans cette région. Cette suggestion, bien que non retenue par le pape François, a intensifié les discussions au sein de l’Église catholique.
Christine Pedotti, rédactrice en chef de Témoignage chrétien, souligne que le célibat des prêtres est lié à des considérations historiques et économiques. Elle rappelle que des figures majeures comme Paul VI et Jean-Paul II ont toujours défendu le célibat sacerdotal comme un signe de dévouement total à l’Église.
Le Rapport Sauvé, publié par la Conférence des évêques de France, a révélé des cas de violences sexuelles impliquant des prêtres. Ce document a ravivé les débats sur la pertinence du célibat sacerdotal, certains y voyant une des causes potentielles des abus.
Positions divergentes au sein de l’Église
- Les évêques allemands ont inscrit l’hypothèse du mariage des prêtres dans leur programme de réformes. Ils estiment que cette mesure pourrait aider à résoudre la crise des vocations.
- À l’opposé, les évêques américains restent particulièrement conservateurs sur cette question, soutenant fermement le maintien du célibat.
Le cardinal Lorenzo Baldisseri a présenté le document de travail du Synode sur l’Amazonie, mettant en lumière la nécessité d’adapter certaines règles ecclésiastiques aux réalités locales. Le débat sur le célibat des prêtres reste donc ouvert, avec des positions variées selon les contextes géographiques et culturels.
